Présentation de la Fondation

La Fondation Bernard et Claude Rouiller est issue d'un legs à but culturel de Bernard Rouiller (1904-1984) qui présida à plusieurs reprises la commune de Dorénaz dans le canton suisse du Valais et qui fut, de 1921 à 1957, le dernier maître de l'école villageoise – aujourd'hui disparue - des hameaux montagnards d'Allesse et de Champex sis à une altitude de 950 à 1200 mètres sur le territoire de cette commune.

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Ecole de Dorénaz, vers 1906-1907 (© Fonds Claude Rouiller, Médiathèque Valais, Martigny)


L'idée de vivifier cette fondation a germé dans l'esprit de Claude Rouiller, fils de Bernard, avocat et professeur de droit, qui fut député valaisan, avant de siéger au Tribunal fédéral suisse qu'il présidera, à compter de 1996, puis au Tribunal de l'Organisation internationale du Travail (ancien Tribunal de la SDN), dont il sera également le président à partir de 2015.

Cette idée sera concrétisée, avec l'aide structurelle de la Commune de Dorénaz, à l'occasion de la publication du
livre de Claude Rouiller Au pays valaisan d'Outre-Rhône - Dorénaz - Entre histoire et légende, ouvrage émouvant sur le village où il est né et où il a passé sa jeunesse. En faisant parler documents historiques et souvenirs collectifs romancés de cette communauté ancestrale, constituée d’un village de plaine et de hameaux de montagne, il permet au lecteur d'entrevoir de façon vivante et concrète ce que fut jadis l’existence des habitants du Valais et, plus largement, de nombreuses régions de l'Europe montagnarde.

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Vue sur le flanc sud-est des Dents du Midi, depuis le Scex Carro, point culminant du Mont du Rosel,
zone protégée de la commune de Dorénaz (© Georges Laurent)


Ce livre polyphonique, aujourd'hui librement accessible sur le site de la Commune de Dorénaz, a rencontré une véritable ferveur populaire lors de sa parution (2). Il se présente comme une suite de tableaux colorés. Il nous montre avec émotion l'école de jadis dans des communautés marginales, au travers de récits d’enseignants et d’écoliers, voire de micro-statistiques. Il nous dit simplement comment se réglaient les conflits entre communes, "bourgeoisies" ou "consortages", portant souvent sur la jouissance d'alpages trop secs et écrasés de soleil, terroirs d’un puissant fromage de chèvre, âprement disputés puis découpés arbitrairement par des Salomon venus de Sion, petite capitale prochaine. Il raconte l’effroi avec lequel, au terme de la guerre de sécession helvétique (guerre du Sonderbund de 1847), les villageois, vaincus et catholiques, attendaient d'un pied peu ferme les soldats de l’armée fédérale, protestants et "suppôts du diable"; l'instant d'après il nous fait vivre la surprise de ces braves gens - lassés des brutalités et pillages de leur propre "armée noire" - devant les manières civiles d'envahisseurs "étrangers" bientôt perçus comme leurs libérateurs. Dans des registres encore plus poétiques, le livre explique comment on devenait ou ne devenait pas chanoine de l'abbaye voisine, et il contient même l’histoire d’une bergère racontée par son bouc. On découvre aussi les étonnantes particularités de la flore locale et de la faune alpine trop souvent associée à d'illustres braconniers, tel le fameux Lini Paccolat (1923-2016), dont sont dressés des portraits indulgents, pittoresques… et fraternels.


(1) La genèse de ce livre a fait l'objet d'un film haut en couleur (disponible sur DVD) "Dorénaz-L'œil grand ouvert", réalisé par Jacques-Dominique Rouiller, en collaboration avec Antoine Cretton (voir Manuela Giroud, dans le Nouvelliste du 12 août 2010, p.28).
(2) Édition Monographic, Sierre, 2009.